Grâce à vous et au soleil, à l'air du temps et à beaucoup d'autres encore, mes deux premiers voyages de mise en route du projet "Héros de la Culture" se sont très bien passés. Bien sûr il a fallut s'adapter aux changements de programmes, aux imprévus et aux contretemps, mais les résultats sont encourageants.
Le premier voyage fut réalisé en compagnie de Julio Arias, collaborateur bénévole et discret de l'association depuis ses débuts, même avant sa création. A notre arrivée nous nous sommes trouvés face à la situation critique de l'effondrement tout récent d'une salle de classe, ou d'un préau utilisé comme cuisine et salle de classe, aux réactions de désespération muette des élèves et professeurs, ainsi qu'à certaines initiatives naissantes de mise en route de démarches auprès des autorités responsables de leur infrastructure scolaire, telle une grève d'un groupe d'étudiants, dans le but de réaliser le voyage nécessaire pour donner en mains propres aux personnes indiquées les documents signés par tous demandant salles de classe, chaises, bancs, réfectoire, etc.
Vu la situation, le projet fut dans un premier temps mis au second plan, pour s'occuper du plus pressé, et grâce à l'aide de Julio furent prises les photos et enregistrements vidéos nécessaires à la réalisation à notre retour du petit film que vous avez pu voir dans le précédent post.
Ensuite, bravant la fatigue les professeurs se réunirent avec moi le même soir pour terminer de préparer la mise en pratique du projet, et ainsi dans l'obscurité du corridor du petit ranch dans lequel je logeais, passées les dix heures du soir furent décidés les thèmes des groupes, un par professeur, et discutés les détails de la mise en œuvre du projet. Le jour suivant, après un travail au soleil de midi dans le futur potager du collège, les élèves formèrent les groupes suivant leurs intérêts et nous nous séparâmes.
Le voyage suivant je partis seule mais déjà pour les 3 heures de marche sur le chemin ensoleillé de la photo on vint me chercher avec un cheval pour porter mon sac, les 7 kilos de poulet et 7 kg de riz pour le repas d'encouragement avant l'activité (la plupart des élèves doit parcourir 2 ou 3 heures de marche pour venir à l'école ainsi que pour retourner chez eux, et ne peuvent donc rester l'après-midi au collège que quand est organisé un repas en commun). Chacun apporte ce qu'il peut et les ingrédients sont cuisinés par un groupe d'étudiants sous la conduite de professeurs, tandis que les autres commencent l'activité ou font du sport.
J'apportais également des médicaments basiques spécialement pour enfants, que j'avais promis de laisser à quelques jeunes filles ayant l'espérance de créer dans le futur un dispensaire médical alliant médecine traditionnelle et médecine occidentale, pour qu'elles puissent commencer à veiller aux besoins les plus pressés, le médecin le plus proche étant celui de la ville, à trois heures de cheval et une demi-heure en taxi, les jours de beau temps. A la suite de ce voyage je leur ai aussi ramené quelques boîtes de lait en poudre, pour les jeunes mamans ne pouvant allaiter en journée du fait de leur assistance au collège.
L'activité fut remise d'un jour et le poulet se congela tellement dans le seul frigo disponible qu'il fallut le débiter à la machette pour pouvoir le cuire, et le repas fut prêt une heure plus tard que prévu, mais délicieux, grâce au savoir-faire des cuisinières. Un des professeurs ayant démissionné et deux autres ayant du partir plus tôt pour des examens d'université et des démarches à faire en ville, restaient deux professeurs et moi pour 5 groupes d'étudiants en plus de la cuisine... Le groupe de langue se réunit dans une salle de classe, celui des danses et chants traditionnels sur un banc dans la cour, celui des jeux traditionnels fut désigné de corvée cuisine et les deux autres (artisanat et boissons et vêtements de fête), avec moi et quelques étudiants des plus âgés on parla Ngöbe grâce à des questions-réponses et après avoir été cueillir quelques calebasses sur l'arbre le plus proche, on appris à en faire des récipients décorés de gravures utilisés traditionnellement pour recevoir la chicha, boisson traditionnelle à base de maïs ou de manioc. Cette fois-ci étant seule et sans appareil photo je n'ai pu vous rapporter de souvenirs, mais je me rattraperai la prochaine fois. On ne se sépara pas sans définir les objectifs futurs de chaque groupe, leurs prochaines activités et les devoirs de recherches à réaliser avant ma suivante venue.
Le prochain voyage est prévu pour la semaine prochaine et durera un peu plus longtemps que les deux premiers, ainsi je compte réaliser deux activités à une semaine d'intervalle et profiter ainsi de que la saison des pluies ne s'est pas encore vraiment installée et m'épargner quelques 20 heures de bus du fait de ne pas rentrer à San José entre deux parties de projet.
A part le projet en lui même et l'ébauche de dispensaire médical, on essaye de réunir du matériel d'étude pour les étudiants qui voudraient aller à l'université ensuite et doivent donc étudier pour l'examen d'admission à passer en octobre ou novembre, s'improvisent des cours de musique (violon surtout, solfège et guitare), les soirs au centre du village, enfin, on essaye de répondre aux opportunités qui se présentent de partager des connaissances et recevoir toujours beaucoup, sans avoir rien à demander pour cela, parce que ce peuple est le reflet de la nature qui l'entoure, riche et généreuse, quelques soient les conditions de vie, au soleil et rafraîchie par une brise légère comme les rires qui résonnent dans tous les coins du village les soirs sous la lune et les étoiles scintillantes dans le ciel immense et sans nuages...
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